samedi 26 juillet 2008

Papouasie Nouvelle Guinée






Jeudi 12 juin départ pour l’aventure. Je pars seul, sans matos, je ne connais rien du film. Je suis censé retrouver Wayne à Cairns ce soir en compagnie de Tom, l’assistant réalisateur, et le matériel loué à Sydney. Wayne est un chef opérateur de Wellington avec qui j’ai déjà travaillé et nous avons une vision commune du métier, c’est lui qui m’a proposé ce travail.
Le parcours : Wellington- Sydney 3h30, puis Sydney-Cairns 3h00 , nuit à Cairns, puis Cairns-Port Moresby 1h30 et Port Moresby-Kiunga 1h00 ( parce que direct, sinon une journée ) .
Arrivée à Port Moersby
il faut absolument faire attendre notre vol pour Kiunga car notre réalisateur arrive du Togo via Brisbane et il est préférable qu’il monte avec nous car son vol prévu pour le lendemain n’est pas toujours maintenu, dixit notre support logistique local GREENPEACE, bon d’accord.
Alors on essaie de contacter le pilote car lui seul a le pouvoir de retarder un départ, c’est chose faite. On se retrouve enfin tous, avec du matériel de tournage en direction du nord-Ouest de la Papouasie Nouvelle Guinée.
Je ne connais toujours pas le sujet du film.
Nous dormons à Kiunga pour reprendre un avion le lendemain matin. Ok, alors bonne nuit, il fait 30°, c’est humide, beau coucher de soleil, c’est une bonne première journée, dodo.
Après le petit dej, je ne connais toujours pas le sujet du film.
Sur le tarmac, en attendant notre avion, Wayne repère un hélico. Après une heure de téléphone satellite, GSM, talkie, Brian (le réalisateur) , Tom, Wayne et moi montons dans l’hélico pour rejoindre notre destination finale le lac Murray, quasiment à la frontière Indonésienne. Nous avons filmé pendant 3/4 d’heure la forêt tropicale. Avant notre envol, nous organisons un plan. Tiens ce serait super de voir notre sujet (Sep Galeva, c’est son nom) sur son canoë au milieu du lac. Re-téléphone satellite et autres.
Allez ça tourne en anglais, on dit Sound Speed .

Ma fois, ça a marché !
Attendez, je vous explique un peu, on est au milieu de la jungle c’est 3/4 d’heure d’hélico ou de coucou sinon c’est 3 jours de bateau sur la rivière, il n’y a pas de route, ni de chemin. Sur place il n’y a de l’électricité qu’entre 11h du matin et minuit, grâce à un groupe. Eh bien, sur le lac Murray il y a quand même de quoi contacter un type en temps réel ! C’est beau la technologie.

Nous voilà posés sur une des nombreuses îles du Lac Murray, à Boboa station. L’accueil est chaleureux, tout le monde veut nous aider à porter du matériel, et ça tombe bien. Chacun s’installe dans sa chambre. Une guest house nous est réservée.
Il n’y a pas plus d’eau courante que d’eau potable. Dehors, deux petites cabanes, l’une c’est les toilettes, en fait un trou, et l’autre c’est la salle de bain, en fait une bassine avec de l’eau du lac. On peut aussi emprunter un canoë et s’éloigner du village pour faire sa toilette ; la technique étant de se savonner et de se jeter à l’eau pour se rincer, mais il faut être rapide car des poissons raffolent du savon, rapide aussi car les crocos ne sont jamais très loin.
- D’accord les gars, alors pour moi se sera douche à Wellington dans une semaine, merci de votre compréhension.
C’est le moment d’un briefing par Greenpeace sur les serpents, les crocos, les moustiques et aussi sur le fait de ne pas encourager les locaux à manger du casoar. C’est un oiseau de 70 Kg qui ne vole pas en qui est en voie d’extinction. Il y en a en Indonésie, en Papouasie et en Australie. En Australie, dans le nord du Queensland, on en dénombre plus que 5O
On nous en proposera dès notre premier repas. On mange aussi du très bon poisson, du baramundi et d'autres créatures étranges...
Alors le sujet du film !
Nous allons raconter l’histoire de Sep Galeva qui après 15 années au service de la police de Port Moresby est retourné vivre sur le lac pour défendre sa tribu contre l’invasion d’une compagnie Malaisienne d’exploitation forestière, on peut dire destruction forestière. Bien sur les arcs de bambou ne peuvent rien contre les bulldozers, mais grâce à son passé de policier, Sep s’est servi d’une arme plus sur, la loi. Il a gagné et réussi à préserver la forêt, son supermarché comme il disait.
En effet, sa tribu y trouve la nourriture, les médicaments, les matériaux de constructions pour les maisons et les canoës. Les gens ont besoin d’argent uniquement pour envoyer les enfants à l’école. Alors, ils abattent, débitent, et vendent eux-mêmes quelques arbres sélectionnés. C’est le programme ECO-FORESTERY de Greenpeace, save the forest.

Nous avons donc suivi Sep dans son quotidien entre autres à la pêche, à la chasse dans la jungle ; deviner ce qu’il a ramené un cerf (introduit au XIXe) , noyé dans le lac par Jimmy et un casoar tué par 3 fléches !






Entant que visiteur nous avons eu droit à des danses.



Toute la communauté était maquillée avec les pigments de fleurs (jaune et rouge), avec la boue du lac aussi, et costumée avec les plumes d’oiseau du paradis (rose) et de casoar (noire). Un des anciens du village, frère de Sep, entame un air, repris par le chant des hommes et les tambours, les femmes se joignent aussi en dansant et en chantant. Nous plongeons avec Wayne dans ce tourbillon de voix martelé par les tambours. La scène est également filmée par Sep, il montrera plus tard la séquence sur la tv du village.
C’est un choc, la chasse, la transe des danseurs, les animaux préhistoriques dans l’estomac, on vit comme au néolithique en Europe, surtout ne pas s’arrêter pour faire le tri, ce sera pour plus tard. Allez hop ! deux heures devant moi je pars faire des photos…






























Pour revenir à nos moutons, en repartant du lac, je vois les plaies de la forêt qui se referment. Les bulldozers avançaient dans la forêt au hasard des arbres convoités, ce qui explique l’anarchie du tracé des pistes. Heureusement, on peut voir du vert tendre sur les côtés, signe que la forêt reconquière son territoire perdu !!






Sur le chemin du retour ...La grande barrière de corail